dimanche 1 septembre 2013
Mont Blanc
La météo est parfaite, la forme est là et quand je propose (à moitié sérieux) en milieu de semaine à Annick de faire le mont Blanc ce vendredi, elle est tout de suite partante. Cela restera un superbe souvenir de montagne avec tous les ingrédients qui vont avec: le bivouac à Tête Rousse, les doutes sur la réussite, la peur dans certains passages, l'émotion au sommet, la beauté de l'itinéraire, la longue descente de l'arête du Gouter, la roulette russe des chutes quasi continues du couloir, le miraculé (voir plus bas) au même endroit.
Le TMB nous dépose au Nid d'aigle et aprés un montée paisible au refuge de Tête Rousse nous installons notre bivouac parmi les autres tentes en compagnie de tchèques, russes, polonais, allemands, anglais,italiens, etc.
La nuit est courte et à 2h30 nous attaquons le montée vers le refuge du Gouter. Cette partie de la course est fastidieuse à la montée, interminable à la descente.
Le froid est vif et toutes les couches disponibles sont empilées l'une après l'autre, les mouffles remplaçant les gants dès la partie en rocher terminée.
Le soleil fait enfin son apparition au refuge Vallot mais le froid est toujours mordant, les haltes brèves. Le camel d'Annick est gelé, nous ferons avec ma gourde "on the rocks", un bout de barre de céréales, béton lui aussi et après les fines arêtes de Bosses nous voici sur le "toit de l'Europe", heureux d'être là tous les deux. La course est finie...à moitié. Malgré la fatigue il faut être vigilant à la descente, les croisements avec les autres cordées ne sont pas vraiment confortables, les accidents fréquents dans ces passages.
L'endroit le plus dangeureux reste pourtant la descente de l'arête du Gouter et la traversée de son couloir où tous les ans se produisent des accidents mortels. Un gars juste devant nous s'en est sorti miraculeusement quasi indemne. En voulant aller trop vite échapper aux chutes incessantes de pierres, il s'est emmêlé les crampons et est tombé dans le couloir. Après avoir glissé une dizaine de mètres sur le dos il a eu le réflexe de se retourner et s'est arrêté à deux mètres de barres de rochers qui lui auraient été fatales.
Nous sommes passés juste après lui, pendant une accalmie dans la mitraille, et l'avons retrouvé prostré ( avec les mains bien écorchées) mais à l'abri du bon côté du couloir, un guide lui conseillant d'aller dès son arrivée à Chamonix, brûler une caisse de cierges en l'honneur de la madonne, la bière (double sens...) pourrait attendre.
La descente paisible jusqu'au Nid d'Aigle permet de faire un débriefing intérieur sur la journée où les images fortes s'entremêlent.
La soirée sera encore montagnarde, nous la passerons en compagnie de Jeannot, guide et sauveteur au PGHM qui nous racontera ses nombreuses interventions de l'été dans le massif, ainsi qu'avec Nicole accompagnatrice à Mégève.
Dimanche nous partons à la rencontre d'Isabelle "finischeuse" de l'UTMB, lui permetant d'oublier un peu les souffrances d'une course de plus de 40 heures autour de "notre" sommet. Bravo à elle.
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